Atelier de la rue de Furstenberg
1866
Huile sur toile
81,2 x 65 cm - 31 15/16 x 25 1/2 in.
Montpellier, Musée Fabre, France - Inv. 85.5.3
Dernière mise à jour : 26-04-2022
Référence : MSb-21
1866
Huile sur toile
81,2 x 65 cm - 31 15/16 x 25 1/2 in.
Montpellier, Musée Fabre, France - Inv. 85.5.3
Dernière mise à jour : 26-04-2022
Référence : MSb-21
Eugène Leenhardt - Mme Georges Marchand, née Leenhardt (Par descendance) - Vendue par les héritiers au musée Fabre en 1985.
Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Bazille, n° 3 - Paris, Association des étudiants protestants, 1935, n° 15 (repr.) - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 13 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 14 (repr.) - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 8 - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 18, repr. p. 56 - Montpellier, musée Fabre, 1984, [n.n.], repr. p. 1 - Paris, Grand-Palais, 1985-1986, Anciens et Nouveaux. Choix d'œuvres acquises par l'Etat ou avec sa participation de 1981 à 1985, n° 135, repr. p. 211 - Paris, musée d'Orsay, 1986, La vie de Bohème, n° 80 - Montpellier, musée Fabre, 1991-1992, Frédéric Bazille, 150e anniversaire, fig. 23, p. 21 - Montpellier, New York, 1992-1993, Frédéric Bazille, n° 8, repr. p. 86 - Atlanta, High Museum of Art, 1999, n° 7, repr. p. 30 - Montpellier, musée Fabre, 2001 [n.n.] - Paris, musée Marmottan Monet, 2003-2004, n° 5, repr. p. 36 - Madrid, Bilbao, 2005, De Rafael a Degas, n° 47 - Lausanne, Fondation de l'Hermitage, 2006, Chefs-d'œuvre du musée Fabre, n° 87 - Montpellier, Grenoble, 2007-2008, L' impressionnisme de France et d'Amérique [n.n.], repr. p. 43 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 16, repr. p. 226 et p. 171 [Les références sont du catalogue en français].
Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 7, pp. 53, 212 - Sarraute, Catalogue de l'oeuvre de Bazille, 1948, n° 15, p. 31 [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] -Daulte, Bazille et son temps, 1952, pp. 90, 172-173 (repr.) [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Wildenstein, Cat. raisonné Claude Monet, t. 1, 1974, p. 28 - Daulte, L'Oeil, avril 1978, repr. p. 36 - Bérhaut, Cat. raisonné Caillebotte, 1978, p. 8 - Marandel, Cat. exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 18, repr. p. 56 - Apollo, décembre 1985, n°1 (repr.) - Georgel, La peinture dans la peinture, 1982-1983, p. 150, repr. fig. 270 - Anon., 1985, n° 1, p. 63, fig. 16 - Bajou, 1988, Chefs-d'œuvre de la peinture : Jean Cousin à Degas, p. 180 - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, repr. coul. p. 32, pp. 91-92 et p. 160, n° 18 (repr.) [Réédition de 1952 avec photos en couleur] - Michel, Bazille, 1992, pp. 104-105 - Vuatone, Cat. exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 8, repr. p. 86 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 124 (repr.) - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 21, repr. p. 135 - Pitman, 1998, Bazille : Purity, Pose and Painting in the 1860s, pp. 52-53, 55, 80, 82, 184, 187, 203 - Champa, Cat. exp. Atlanta, High Museum, 1999, n° 7, repr. p. 31, pp. 65-95 - Pitman, Cat. exp. Atlanta, High Museum, 1999, n° 7, repr. p. 30, pp. 31-32 - Hilaire, Cat. exp. Madrid, Bilbao, 2005, n° 47, pp. 146, 208 - Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 16, repr. p. 226 et p. 171 [Les références sont du catalogue en français]- Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 21.
Bazille signe le bail de l’atelier de la rue de Furstenberg le 20 décembre 1865 et s’y installe avec Monet au début de janvier 1866. Au cours de sa carrière, il a peint trois ateliers successifs. C’est ici le premier d’entre eux.
En fait, Bazille montre là un coin de son nouveau logement. A gauche, dans une sorte de renfoncement, un poêle en fonte, rougi par le feu. A droite, deux fauteuils : celui de gauche - un fauteuil Voltaire - est garni de velours vert, celui de droite, adossé au mur du fond, est rouge. Une table, recouverte elle aussi d’un tissu vert sombre, est placée contre le mur de gauche. Des ustensiles d’écrivain y sont dispersés : plumes, bougeoir, encrier, papier... A droite de la table, qui fait fonction de bureau, une porte cachée par un rideau entr’ouvert donne sur une autre pièce. Au centre du tableau, une boîte de peinture ouverte, une palette et des pinceaux jonchent le sol, instruments prêts à servir. Aux murs enfin, onze tableaux, certains de Monet, d’autres non identifiables, d’autres probablement de Bazille lui-même.
En contemplant les représentations qu’il a laissées de ses ateliers, dit Daulte, « on feuillette un peu l’autobiographie de l’artiste, on imagine sa manière de vivre. C'est toujours la même simplicité, la même austérité. On sent bien que ces divers ateliers ne pouvaient être habités par un esprit frivole et capricieux » [Daulte, 1992, p. 91].
Bien sûr, l'atelier de la rue de Furstenberg - dont on ne voit d’ailleurs qu’une partie - est un peu triste et austère. On y distingue qu’un « cube d’espaces emboîtés » [Expression employée par Xavier Dejean, ancien conservateur du musée Fabre. Cf. cat. exp. Montpellier, 1984]. Et, certes, il y a comme un parti pris d’éliminer les espaces lumineux pour marquer l’austérité du lieu comme de celui qui l’habite. Miroir intime, modeste demeure et château de la création tout à la fois, l’atelier nous plonge dans la conscience et l’univers de l’artiste. Pour la première fois, nous pénétrons chez lui. Tout est fixe dans cet espace clos et, pour renforcer cette impression d’immobilité, Bazille a refusé l’anecdote qu’aurait pu susciter la présence de personnages. Ni lui ni personne ! Il s’éloigne ainsi du « maître Courbet » dont L’Atelier est « une épopée sociale regroupée autour du peintre le pinceau à la main ». Dans L'Atelier de la rue de Furstenberg, « le peintre prend du recul et interroge cette mémoire immobile qui lui renvoie son image, non pas immédiate mais comme étalée dans la durée » [Georgel, Cat. exp. Dijon, 1982-1983, p. 185]. Enfin l’atelier, pour un peintre, c’est la consécration : ce tableau a donc valeur de symbole.
Sa simplicité permet à chaque élément de trouver sa place. Le poêle est chauffé au rouge : c’est l’hiver, l’ennemi du peintre, qui rend les doigts gourds et raidit les muscles. L’uniformité ou plutôt l’unité des tons - les murs, et le plafond marron, clairs ou foncés - apporte sa contribution à la simplicité de la pièce. Mais ces tons permettent aussi de mettre en valeur tout ce qui compte aux yeux de l’artiste : quelques rares éléments de confort - comme les fauteuils - mais surtout les tableaux accrochés au mur. Au-dessus de l’alcôve, une marine dont on a dit qu’elle pourrait être la Marine à Sainte-Adresse de Bazille, attribution pour le moins hasardeuse. Dans l’ordre, de gauche à droite, dans la première rangée au-dessus de la table : un Portrait de Monet par Gilbert de Severac, à sa droite, deux marines inconnues de petit format. Au-dessus, la Route devant la ferme Saint-Siméon de Monet [Wildenstein, Cat. raisonné Monet, 1974, n° 24]; à sa droite, le Bord de mer à Honfleur, aussi de Monet [Wildenstein, Cat. Monet, 1974, n° 41]; viennent ensuite un bouquet de fleurs et un autre tableau de Monet, probablement la Route de la ferme Saint-Siméon; enfin, un sous-bois, peut-être fait par Bazille à Chailly. En haut, deux tableaux : une académie d’homme et un personnage en costume folklorique.
Les représentations d’atelier de peintres ne sont pas rares. Parmi les influences les plus directes qui s’exercent sur Bazille, il faut noter le Coin d’atelier de Delacroix - dont l'attribution est aujourd'hui remise en question - où le peintre s’est voulu encore plus intimiste que Bazille et L’Atelier de Courbet (1854-1855). Plus tard, quand Caillebotte peindra son Intérieur d’atelier au poêle (1874), il en exclura toute présence visible, comme le fait ici Bazille.