Etudes pour une vendange
1868
Deux huiles sur toile
38 x 92 cm - 15 x 35 1/2 in.
Montpellier, Musée Fabre, France - Inv. 18.1.4 et 18.1.5
Dernière mise à jour : 13-03-2022
Référence : MSb-54
1868
Deux huiles sur toile
38 x 92 cm - 15 x 35 1/2 in.
Montpellier, Musée Fabre, France - Inv. 18.1.4 et 18.1.5
Dernière mise à jour : 13-03-2022
Référence : MSb-54
Famille de l’artiste, Montpellier - Marc Bazille, frère de l’artiste - Don de Marc Bazille au musée Fabre en 1918.
Paris, Grand Palais, 1910, Rétrospective Bazille, n° 16 - Montpellier, Exposition internationale, 1927, n° 21 - Paris, musée de l’Orangerie, 1939, Chefs-d’œuvre du musée de Montpellier, n° 6 - Berne, Kunsthalle, 1939, Meisterwerke des Museums in Montpellier, n° 5 - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 31 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 43 - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 31 - Montpellier, musée Fabre, 1970-1971, Hommage à Frédéric Bazille [s.n.] - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 34, repr. pp. 80-81 - Edimbourg, The National Gallery of Scotland, 1986, Lighting up the Landscape, n° 41 - Montpellier, musée Fabre, 1991-1992, n° 39 et n° 40, p. 18, fig. 14 - Montpellier, New York, 1992-1993, n° 39 et 40, repr. p. 134 - Montpellier, musée Fabre 2001 (s.n.) - Lausanne, Fondation de l'Hermitage, 2006, n° 90 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 48, repr. p. 244 et pp. 108-109 [Les références sont du catalogue en français].
Joubin, Catalogue des peintures et sculptures du musée Fabre, 1926, n° 362, p. 114 - Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 35, pp. 139-140, 151, 217-218 - Descossy, Sur 20 tableaux du musée Fabre, 1938, p. 99 - Poulain, L'Art et les artistes, juin 1934, p. 318 (repr.) - Fliche, Les villes d'art célèbres, 1935, p. 136 - Joubin, Beaux-Arts, 24 mars 1939, p. 1 - Espezel, La Revue de Paris, 15 avril 1939, p. 910 - Goulinat, Le dessin, mars 1939, p. 454 - Poulain, Itinéraires, nov. 1942, p. 27 - Prinçay, Cahiers du sud, 1947, p. 869 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Fréderic Bazille, 1948, n° 31, pp. 74-75 [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Sarraute, Arts, 9 juin 1950 - Saulières, Midi-Libre, 15 juin 1950 - Claparède, Réforme, 24 juin 1950 - Daulte, Bazille et son temps, 1952, n° 38, pp. 113, 181-182 [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Allier, Lettres françaises, oct. 1959 - Gourg, Vision sur les arts, 1970, n° 66 - Marandel, Cat. exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 34, repr. pp. 80-81 - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, n° 41, p. 112, repr. coul. pp. 110-111, p. 171 (repr.) - Jourdan, Cat. exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 39 et 40, pp. 134-135 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, pp. 160-161 (repr.) - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 54, repr. p. 197 - Hilaire, Cat. exp. Lausanne, Fondation de l'Hermitage, 2006, n° 90, p. 228 - Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 48, repr. p. 244 et pp. 108-109 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 54.
Comme chaque année, Bazille revient à Méric pour y retrouver sa famille et la campagne languedocienne. Contrairement à l’été précédent, pendant lequel il a peint la Vue de village et le Pêcheur à l'épervier, l’été 1869 n'est pas très fécond. Nous ne connaissons de cette époque que les Etudes pour une vendange et la Scène d'été, qui est l’œuvre majeure de son séjour.
Les Etudes pour une vendange furent données par Marc Bazille au musée Fabre en 1918 et ont été peintes près de Montpellier. Elles représentent le coteau de Bionne et la plaine de Launac vus de la propriété de la famille Tissié. Au loin, on distingue la montagne de la Gardiole.
Pour expliquer l’existence de ces deux études réunies dans un même cadre, il faut savoir que Bazille envisageait de faire une grande composition sur le thème des vendanges. Cette information nous provient des notes écrites par le peintre dans l’album RF 5259, folio 67 verso, Inscriptions diverses; il y dresse une liste d’œuvres dans laquelle sont mentionnées « une Gde vendange » et « une petite vendange », ce qui semble vouloir dire qu’il avait l’intention de faire deux tableaux distincts sur le même thème. En tous les cas, il en parle dans une lettre de février 1869 dans laquelle il dit à sa mère : « La première fois que tu iras à Méric, rapporte les mesures exactes de la toile sur laquelle j’ai commencé la vendange, et envoie-les moi à un centimètre près, j’ai besoin de savoir cela pour arranger le tableau ».
C’est Camille Descossy qui fit la meilleure description de ces toiles : « A Bionne, l'été sur les vignes. Les ceps portent une ombre forte sur le sol. Sur cette terre il a plu pendant la nuit; au petit matin, l’eau non encore bue par le soleil de midi laisse à l’argile toute sa puissance rouge. Après la pluie bénie, des vapeurs montent vers le ciel et le vent roule de petits cumulus dans le beau temps. Bazille enfonce les pointes de son chevalet et de son pliant dans la boue magnifique. Il respire, poumons pleins, le petit mistral vif qui tempérera jusqu’au soir l’atmosphère d’août. La plaine, au pied du coteau, est découpée comme un damier et verte comme un tapis de billard. En contre-bas, des têtes d’oliviers dépassent les rangs des vignes; à la limite du ciel et de la terre, l’air bleu éloigne la Gardiole » [Descossy, Montpellier, 1938, p. 99].
C’est un thème classique que celui de ces deux toiles, et pourtant Claparède parle à leur propos de « faux bons sujets » [Claparède, Réforme, 24 juin 1950, p. 5].
Bazille a souligné l’architecture minérale et végétale de ces plateaux. Mais, qu’il s’agisse de minéraux ou de végétaux, on comprend que certains aient relevé la « coloration un peu froide » de ces tableaux à laquelle seuls échappent les reflets du soleil sur les ceps des vignes. Même le ciel s’éloigne des couleurs languedociennes de l’été. D’après Claparède, « ces deux études...montrent Bazille aux prises avec une recherche qui apparaît en peinture dès la fin du XVIIIe siècle pour trouver son accomplissement un siècle plus tard devant la cathédrale de Rouen et les nymphéas de Giverny, le souci de rendre d’un même paysage les vérités successives de tons et de rapports, les apparences changeantes suivant le caprice de l’heure, la hauteur du soleil. » [Claparède, Réforme, 24 juin 1950, p. 5]. En effet, Bazille, dans chacun des tableaux, a limité sa démarche; tout en favorisant l’unité des tons, il parvient à faire varier les couleurs, comme il réussit à le faire dans l’Atelier de la rue Visconti où les bruns n’ont rien de monotone. Ici, les petites touches vert clair illuminent les paysages et cela suffit à réduire la monotonie du ciel laiteux. On notera que la différence entre le végétal et le minéral est renforcée non seulement par la tonalité et la touche, mais aussi par la matière. Les coteaux et les collines, tout comme le ciel, sont traités dans une matière fine, si fine que la toile est parfois visible.
Tout cela ressemble fort à la tradition du paysage du Midi, non pas à celle de Guigou, Carrand ou Cézanne, mais à celle, classique, de Matet, Castelnau et Cabanel.
Il existe plusieurs dessins sur le thème des vendanges. On ne peut affirmer, faute d’information plus précise, qu’ils préparent le tableau envisagé par Bazille, mais cela est néanmoins fort probable. Il s’agit des quatre dessins Etude pour une vendange, Etude pour une vendange, Etude pour une vendange et Etude pour une vendange.
Ces Études pour une vendange seront les derniers paysages de Bazille avant les Bords du Lez.