1870
Huile sur toile
60 x 75 cm - 23 5/8 x 29 1/2 in.
Signé et daté en haut à droite : F. Bazille, 1870
Washington, National Gallery of Art, Etats-Unis - Inv.1983.1.6
Dernière mise à jour : 25-03-2022
Référence : MSb-61
Historique
Don de l’artiste à Edmond Maître - Gaston Maître, Gironde - Cédé par Gaston Maître à Marc Bazille, frère de l’artiste, en 1913 - Frédéric Bazille, neveu de l’artiste - Paul Mellon, 1963 [Wildenstein Gallery, New York] - National Gallery of Art, Washington (Collection of Mr. et Mrs. Paul Mellon).
Expositions
Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Bazille, n° 24 - Paris, Association des étudiants protestants, 1935, n° 12, repr. pl. 12 - Paris, galerie des Beaux-Arts, 1937, Naissance de l’impressionnisme, n° 57 - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 33 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 55 - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 37 - Washington, National Gallery of Art, 17 mars-1er mai 1966, French Paintings from the Collections of Mr. and Mrs. Paul Mellon and Mrs. Mellon Bruce, n° 113, repr. p. 127 - Minneapolis, Londres, 2015-2016, Delacroix and the Rise of Modern Art, n° 67, repr. p. 226 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 61, repr. p. 253 et p. 177 [Les références sont du catalogue en français] - Paris, musée d'Orsay, 2019, n° 129, repr. p. 181.
Bibliographie
Poulain, Bazille et ses amis 1932, n° 38, pp. 168, 176, 218 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 40, pp. 84, 98, 114 - Claparède, Languedoc méditérranéen et Roussillon d'hier et d'aujourd'hui, 1947, p. 237 - Wildenstein, Arts, 9 juin 1950, n° 266 - Daulte, Bazille et son temps, 1952, n° 52, pp. 78, 128-129, 188 (repr.) [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Daulte, Connaissance des Arts, déc. 1970, n° 266, p. 88, repr. pp. 88-89 - Paris, Grand Palais, 1979, L’art en France sous le Second Empire, n° VI-4 - Gaigneron, Connaissance des Arts, juin 1983, p. 19 (repr.) - National Gallery of Art Report, Washington, 1983, p. 31 - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, pp. 78, 128 et pp. 180-181, n° 60 (repr.) (repr. coul. p. 77) [Réédition de 1952 avc photos én couleur] - Michel, Bazille, 1992, p. 253 - Cat. exp. Montpellier, New York, 1992-1993, fig. 69, repr. p.123 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 167 (repr.) - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 61, repr. p. 215 - Pitman, 1998, Bazille : Purity, Pose and Painting in the 1860s, pp. 179-183 - Noon, Riopelle, Cat. exp. Minneapolis, Londres, 2015-2016, Delacroix and the Rise of Modern Art, n° 67, repr. p. 226 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 61, repr. Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 61, repr. p. 253 et p. 177 [Les références sont du catalogue en français] - Murrell, Cat. exp. New York, 2018-2019, fig. 77, repr. p. 75 et fig. 79, repr. p. 77 (Détail) - Cat. exp. musée d'Orsay, Paris, 2019, n° 129, repr. p. 181 - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 61.
De même dimension que la précédente, cette deuxième version de la Jeune Femme aux pivoines [Auparavant Négresse aux pivoines] est quelque peu énigmatique. C’est la première fois en effet que Bazille conçoit et réalise deux œuvres aussi proches par le sujet et le traitement, les trois tableaux d’Aigues-Mortes étant très dissemblables par l’esprit, la mise en page et même la technique.
Ici, le personnage est le même que dans la première version de la Jeune Femme aux pivoines et se retrouve aussi dans La Toilette. « Le sujet semble avoir particulièrement intéressé Bazille », remarque Rewald [Frédéric Bazille. Exposition : L’art en France sous le Second Empire, Paris, Grand-Palais, 1979]. Le modèle dispose des fleurs, non plus dans un vase mais, cette fois, dans une grande corbeille d’osier placée devant lui et occupant toute la largeur du tableau au premier plan. L’attitude de la négresse est ici tout autre que dans l’autre tableau. Elle nous regarde droit dans les yeux, tenant un bouquet de pivoines de la main droite, comme si elle voulait nous l’offrir, ou nous demander conseil, ou encore nous prendre à témoin. Ici aussi, la femme est représentée en buste avec la même robe et le même fichu de madras rouge noué derrière la tête. Les fleurs sont néanmoins plus variées : cyclamens, lilas, narcisses, tulipes, roses, pensées et myosotis sont ici rassemblés. C’est un véritable parterre que nous offre l’artiste : les fleurs rouges et blanches, que côtoient les jaunes et les roses, sont étalées sur des feuilles vert foncé.
La tonalité de ce tableau est bien différente de celle du précédent. Le fond est moins sombre et l’éclairage plus diffus. Les contrastes sont aussi moins tranchés. La robe, par exemple, n’est plus aussi blanche; elle vire même au rose pâle. Le visage, quant à lui, est éclairé par une lumière plus douce, ce qui le rend plus distinct, plus homogène et aussi plus présent. La lumière, d’ailleurs, vient, non pas de la droite comme dans la première version, mais de face. « Les rapports entre les deux versions ne sont pas très clairs, ajoute Rewald, elles semblent avoir été peintes simultanément, et si la version présentée ici [celle du musée Fabre] fait peut-être allusion à Courbet, celle de la collection Mellon, avec ses fleurs qui occupent tout le tiers inférieur de la toile, est un hommage à Delacroix auquel Bazille vouait une dévotion quasi religieuse. » [Frédéric Bazille. Exposition : L’art en France sous le Second Empire, Paris, Grand-Palais, 1979]. En revanche, d’un tableau à l’autre, la technique et le graphisme ne varient pas et, comme nous l’avons déjà souligné, Bazille réussit parfaitement le dessin de son personnage. Quant aux fleurs, elles sont, comme d'habitude chez Bazille, un ravissement pour les yeux.
Faut-il préférer cette version ? Courthion avoue qu’il « préfère la première... bien que les deux toiles soient de valeur égale » [Courthion, 1964, p. 27]. Le bouquet de fleurs est sans doute ici plus somptueux, mais l’éclairage diffus enlève à cette deuxième œuvre un peu du mystère de la première. Ici, la lumière dissout les ombres et le personnage est au moins aussi important que les fleurs, ce qui n’était pas le cas dans la première. C’est probablement la recherche d’un autre équilibre dans la mise en page et les volumes qui a poussé Bazille à peindre une seconde fois la Jeune Femme aux pivoines.
On ne trouve aucune allusion à ces projets dans la correspondance de Bazille, comme d'ailleurs pour de nombreux autres. Tout au plus doit-on les discerner à travers ce que Bazille appelle « fleurs de Suzanne » dans sa correspondance. Les lettres à sa mère des 17 janvier et 28 avril 1870 sont les seuls liens que nous pouvons établir, un lien pour le moins ténu !
On fera évidemment le rapprochement entre ces tableaux de Bazille avec l'Atelier aux Batignolles de Fantin-Latour ainsi qu'avec La Fille aux fleurs d'Otto Scholderer [Kunsthalle, Brême].
Quel tableau a-t-il été fait en premier ? Comme le souligne Jones dans le catalogue d'exposition de 2016-2017 [P. 181], il y a débat à ce sujet, sachant que nous n'aurons sans doute jamais la réponse. Quant au lien entre elles, on pourrait longuement en discourir.
Le catalogue raisonné en ligne de l'oeuvre de Frédéric Bazille par Michel Schulman
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