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Frédéric Bazille
1841-1870

Le catalogue raisonné numérique

par Michel Schulman
© Tous droits réservés

Portrait de Zacharie Astruc

1869
Huile sur toile
57 x 47 cm - 22 1/16 x 18 5/16 in.
Collection particulière
Dernière mise à jour : 13-03-2022
Référence : MSb-53

Historique

Famille de l’artiste - Marc Bazille, frère de l'artiste - Frédéric Bazille, neveu de l’artiste - Mme Maurice Pallier, née Françoise Bazille, sa fille, Nîmes - Collection particulière - New York, Sotheby's, 3 novembre 2010, n° 138 - Collection particulière, Etats Unis.

Expositions

Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 39 - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 27 - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 49, repr. p. 102 - Montpellier, musée Fabre, 1984, (n.n.), repr. p. 2 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 19, repr. p. 228 [Les références sont du catalogue en français].

Bibliographie

Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Fréderic Bazille, 1948, n° 48, p. 111 [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Daulte, Bazille et son temps, 1952, p. 142 et p. 185, n° 46 (repr.) [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Rewald, Histoire de l'Impressionnisme, 1973, p. 116 [Réédition de 1946] - Marandel, Cat. exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 49, repr. p. 102 - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, n° 51, pp. 134, 176, repr. p. 63 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 96 - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 53, repr. p. 196 - Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 19, repr. p. 228  [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 53.

Zacharie Astruc, photographié par Etienne Carjat
Zacharie Astruc, photographié par Etienne Carjat
Peint vers 1869, ce portrait a connu des attributions diverses quant au personnage représenté : Zacharie Astruc, Portrait de l'homme au cigare, Portrait d’un inconnu, autant de noms qui n’ont pas résolu d’une façon définitive le problème de l’identité du modèle. 

Sarraute refuse l’identification avec Zacharie Astruc. Dans une lettre du 10 juin 1984 publiée à l’occasion de l’exposition au musée Fabre, Sarraute précise que lui-même avait, par erreur, le premier proposé ce nom. Mais il lui préfère maintenant celui de Catulle Mendès (1841-1909) qui, il est vrai, était comme Bazille, passionné de musique et eut « la révélation wagnérienne aux concerts du Théâtre italien en 1862 ». Catulle Mendès fonda La Revue fantaisiste en 1860. Cette revue accueillit des débutants comme Alphonse Daudet, Jules Claretie, François Coppée et Sully Prudhomme.

Zacharie Astruc, Félix Bracquemond, 1865. Ce portrait de Zacharie Astruc lève en partie les doutes sur l'identité du personnage
Zacharie Astruc, Félix Bracquemond, 1865. Ce portrait de Zacharie Astruc lève en partie les doutes sur l'identité du personnage
Bazille et Catulle Mendès purent donc se connaître ou du moins se rencontrer dans ces milieux qui critiquaient violemment l’hypocrite moralité du Second Empire. Pour vérifier l’hypothèse avancée par Sarraute, on peut comparer notre portrait à celui de Catulle Mendès par Vallotton [Cf. Catalogue exposition Winterthur, Brême, Düsseldorf, Paris, 1978-1979, Félix  Vallotton, n° 189] et à sa photographie faite par Carjat dans les années 1860. Mais, ni dans l’un ni dans l’autre de ces deux documents, il ne nous semble possible de reconnaître de façon certaine le modèle peint par Bazille. C'est finalement le nom de Zacharie Astruc que nous avons retenu étant d'ailleurs celui que nous avons déjà donné en 1995. Quant au catalogue de l'exposition de 2016-2017, il adopte le nom plus générique de Portrait d'homme, faute de preuve plus tangible, ce qui nous paraît aussi compréhensible.Mais l'argument qu'avance Perrin « d'une peinture inachevée » en fait-il pour autant une œuvre d'une relative jeunesse ? En fait, il ne faut pas confondre œuvre « inachevée » avec œuvre " spontanée ". On peut en trouver une preuve tangible dans les nombreux portraits de Degas où les mains restent inachevées, ce qui n'en fait pas nécessairement pour autant des œuvres de jeunesse.

Ami de Bazille, Zacharie Astruc l’était aussi de Manet qui fit son portrait en 1863 [Kunsthalle, Brême]. Les deux œuvres sont cependant diamétralement opposées. Manet intègre Astruc dans son univers quotidien; il met en relief sa situation professionnelle et son rang social. Rien de tel chez Bazille qui cherche surtout ici l’intimité. Quand il fait le portrait de ses amis, Renoir, Sisley, Maître, Blau, ce n’est pas pour livrer un message. Intellectuellement impliqué dans le mouvement avant-gardiste de l’époque, Bazille ne va pas jusqu’à lui consacrer sa peinture et s’y engager moralement.