1867-1868
Huile sur toile
130 x 97 cm - 51 1/8 x 38 1/8 in.
Signé en bas à droite : Bazille
Grenoble, Musée de Grenoble, France - Inv. MG 2911
Dernière mise à jour : 29-03-2022
Référence : MSb-44
Historique
Famille de l'artiste, Montpellier - M. et Mme Teulon (née Pauline des Hours, cousine de l'artiste) - François Teulon-Valio - Musée de Grenoble, 1940 (Don de la famille Teulon).
Expositions
Paris, Grand Palais, Salon d'automne, 1910, Rétrospective Bazille, n° 11 - Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Bazille, n° 14 - Paris, Association des étudiants protestants, 1935, n° 16 - Grenoble, Zurich, 1946, n° 61 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 37 - Montpellier, musée Fabre, 1959, Rétrospective Bazille, n° 24 - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 33, repr. p. 79 - Paris, Petit Palais, 1979, n° 58 - Saint-Tropez, musée de l'Annonciade, 1982, n° 4 (repr.) - Montpellier, New York, 1992-1993, n° 22, repr. p. 114 - Paris, musée Marmottan Monet, 2003-2004, cat. 16, repr. p. 56 - Madrid, musée Thyssen-Bornemisza, 2010-2011, cat. 2, repr. p. 59 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 44, repr. p. 241 et p. 84 [Les références sont du catalogue en français].
Bibliographie
Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 25, p. 102, 111 [Sous le titre : Fleurs] - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 26, pp. 61-62 - Laprade, Beaux-Arts, 29 mars 1935 - Schmidt, Le Semeur, juin 1935 - Sarraute, Cat. exp. galerie Wildenstein, 1950, n° 37 [n.p.] - Claparède, Cat. exp. galerie Wildenstein, 1950 [n.p.] - Marandel, Cat. exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 33, repr. p. 79 - Schulze, Art in America, 1978, n° 5 - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, n° 30, p. 167 - Jourdan, Cat. exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 22, p. 114 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 135 - Bonafoux, Bazille, les plaisirs et les jours, 1994, p. 26 - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 44, repr. p. 178 - Pitman, 1998, p. 87 - Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 44, repr. p. 241 et p. 84 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 44.
Une remarque d’ordre historique nous paraît d’abord nécessaire : contrairement à ce qu’on a souvent cru, ce Vase de fleurs sur une console que Bazille destinait aux Teulon, ne doit pas être confondu avec les Pots de fleurs qui fut exposée au Salon de 1868.
A l’inverse de ce qu’il fait pour les Pots de fleurs, Bazille opte ici pour une composition où les fleurs ne sont qu’un élément d’un sujet plus vaste. Cette nature morte est ambitieuse par la taille et par le thème. Sur le marbre d’une console Louis XV aux pieds galbés, est posé un volumineux vase en céramique. Sarraute, qui s’inquiéta de son origine, nous apprend que, selon un spécialiste, il ne s’agit pas - comme on le croyait - d’un vase de Delft mais plutôt d’une céramique de Montpellier avec « dans la partie inférieure de la panse, une série de feuillages en raies de cœur qui se voient dans les productions Montpelliéraines » [Sarraute, 1948, n° 26, p. 61]. Dans ce vase massif, orné de décorations bleu foncé, un gros bouquet de fleurs est disposé de façon apparemment désordonnée. Dahlias, héliotropes et amarantes s’y entremêlent « dans un désordre apparent ». Au mur, des bignones qui proviennent certainement de la treille de Méric. Toujours sur le marbre, à côté du vase en céramique, un autre bouquet de dahlias dont certains retombent, franchissant le bord de la table. A gauche, encore un vase de fleurs dont on ne voit qu’une petite partie. Devant, au premier plan, un tabouret sur lequel sont tombées quelques fleurs.
« Bazille ne cherchera jamais à évoquer la substance de quelques objets savamment disposés, écrit Wildenstein. Ses fleurs sont disposées à la diable comme dans cette grande peinture du musée de Grenoble où une guirlande s’échappe capricieusement d’un énorme vase » [Wildenstein, Arts, 9 juin 1950, p. 8]. Il y a en effet dans ce tableau un désordre organisé qui devait pousser Poulain à le comparer à un « très heureux carton de tapisserie » [Poulain, 1932, p. 102]. Remarque intéressante, surtout si l’on compare cette œuvre aux autres compositions florales du peintre, où les fleurs apparaissent plus vivantes qu’immobiles. Et jamais Bazille n’a plus cherché - comme ici - un arrangement qui fait penser aux maîtres du XVIIIe siècle.
Ce désordre auquel nous avons fait allusion est donc en fait voulu. C’est probablement la quantité de fleurs qui provoque une sorte d’effet de saturation et qui donne cette impression d’excès floral. On sent que Bazille a d’abord voulu satisfaire d’autres goûts que les siens, ceux de Pauline et Emile Teulon, auxquels ce tableau était destiné. C’est pourquoi la composition est classique et décorative. La sagesse du style, les rappels de couleurs - entre le bouquet et la tapisserie du siège par exemple - et l’équilibre graphique, confèrent au tableau un aspect majestueux qui n’est pas habituel chez Bazille.
Les couleurs jaunes, rouges, ocres et vertes, bien qu’harmonieuses, n’ont pas l’élégance des autres bouquets où l’on retrouve l’influence de Manet. Ici, les fleurs disparaissent dans un ensemble un peu monotone et il ne nous semble donc pas juste de dire que Bazille a réalisé là « un tour de force » [Franz Schulze] ni qu’il y a donné le meilleur de lui-même [Patrice Marandel].
Loin des influences de Monet et de Manet, ce tableau semble se rapprocher des Fleurs dans un vase bleu de Delacroix [Musée de Montauban] à propos desquelles ce dernier disait à Constant Dutilleux le 6 février 1849 : « J’ai essayé de faire des morceaux de nature ». Effectivement, la comparaison est possible tant en ce qui concerne la dimension des deux tableaux (135 x 100 cm) que de leur composition. On voit chez Delacroix un vase posé sur une table; dans ce vase, un gros bouquet de fleurs est arrangé, mieux que chez Bazille.
Datées de 1868, ces Fleurssur une console avaient été commencées à la fin de 1867. Bazille, dans une lettre de décembre de la même année, écrit à sa mère qu’il « travaille au tableau des Teulon, des Fleurs; pour qu’il soit complètement sec et bon à être envoyé, il faudra attendre vers le 20 janvier ». Effectivement, le 20 janvier 1868, les Fleurs destinées aux Teulon sont presque terminées mais Bazille n’est pas très sûr de lui : « J’ai fait depuis deux jours deux grandes natures mortes. Je n’en suis pas trop content; cependant il y en a une avec un grand héron gris et des geais, qui n’est pas mal, et que j’enverrai aux Teulon, si celle que je finis en ce moment n’est pas meilleure ».
Ici, tout fait finalement penser à une composition classique dont fait partie cette console Louis XV qui correspond au « goût bourgeois » de l'époque inspiré par certains maîtres hollandais sans oublier, rappelons le, Delacroix auquel Bazille vouait une admiration sans bornes.
Ces Fleurs sur une console furent finalement données aux Teulon dont la famille en fit don au musée de Grenoble en 1940.
Le catalogue raisonné en ligne de l'oeuvre de Frédéric Bazille par Michel Schulman
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