1865
Huile sur toile
108,9 x 71,1cm - 42 7/8 x 28 3/8 in.
Chicago, The Art Institute of Chicago, Etats-Unis - Inv. 1962.336
Dernière mise à jour : 22-12-2023
Référence : MSb-20
Historique
Famille de l’artiste - André Bazille, neveu du peintre - Mme Rachou-Bazille - Vente galerie Charpentier, Paris, 17 juin 1960, n° 54 - Wildenstein, New York - The Art Institute of Chicago, 1962 (The Frank H. and Louise B. Woods Purchase Fund, in memory of Mrs. Edward Harris Brewster).
Expositions
Paris, Grand Palais, 1910, Rétrospective Bazille, n° 13 - Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Bazille, n° 18 - Paris, Association des étudiants protestants, 1935, n° 5 (repr.) - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 18 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 16 (repr.) - Montpellier, musée Fabre, 1958, Des Primitifs à Nicolas de Staël, n° 3 - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 9 (repr.) - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 13, repr. p. 48 - Albi, musée Toulouse-Lautrec, Trésors impressionnistes du musée de Chicago, n° 16 - New York, Wildenstein Gallery, 1985, Paris Cafés - Montpellier, New York, 1992-1993, n° 42, repr. p. 137 - Paris, musée Marmottan Monet, 2003-2004, cat. 8, repr. p. 67 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 17, repr. p. 227 et p. 49 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 20.
Bibliographie
Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 17, pp. 84-85, 214 - Colombier, Candide, 4 avril 1935, p. 8 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 10, p. 20 [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Daulte, Bazille et son temps,1952, p. 141 et n° 1 et p. 170, n° 10 (repr.) [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Le Figaro, 14 décembre 1961 (rpr.) - Bazin, « Chronique des Arts », Gazette des Beaux-Arts, fév. 1963, n° 155, p. 40 - Chronique des Arts, suppl. Gazette des Beaux-Arts, février 1963, n° 155 (repr.) - Maxon, The Art Institute of Chicago Quarterly, 1963, p. 22, repr. p. 23 - Maxon, Apollo, sept. 1966, n° 5, p. 216 (repr.) - Trêves, Le Peintre, 1er oct. 1969, p. 14 (repr.) et pp. 14-17 - Sérullaz, I disegni di maestri, 1970, fig. 32 - Maxon, Museum Studies, 1977, p. 79 (repr.) - Fremantle, Burlington Magazine, sept. 1978, pp. 608-631 - Marandel, Cat. exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 13, repr. p. 48 - Druick, Hoog, Fantin-Latour, 1982, p. 206 - « Chronique des Arts », Gazette des Beaux Arts, février 1983 (?), n° 155, repr. p. 40 - Mac Quillian, Les portraits impressionnistes, 1986, p. 32 (repr.) - Brettell, French Salon Artists, 1987, p. 75, repr. p. 74 - Bonafoux, Les Impressionnistes. Portraits et Confidences, 1986, p. 48 (repr.) - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, n° 10, pp. 134, 157 (pl. coul. p. 135) [Réédition de 1952 avec photos en couleur] - Michel, Bazille, 1992, pp. 13-14 - Cat. exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 42, repr. p. 137 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 75 (repr.) - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 20, repr. p. 133 - Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, n° 17, repr. p. 227 et p. 49 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 20.
Avec les trois autres portraits que fît Bazille à cette époque, Frédéric Bazille à la palette en inaugure une série. La date à laquelle a été exécuté ce tableau est difficile à préciser. Plusieurs propositions ont été faites à la fois par Sarraute et Poulain. Sarraute propose celle de juillet 1865, comparant le Bazille de notre tableau à celui du Déjeuner sur l’herbe de Monet exécuté à la même époque. « Il est en manches de chemise, son gilet est foncé et son pantalon clair » [Sarraute, 1948, n° 10, p. 20]. Quoique les arguments de Sarraute ne nous convainquent pas entièrement, nous sommes enclins à retenir cette date plutôt que celle de Poulain pour qui ce tableau a été fait en même temps que le Portrait de Renoir en 1867. Quant à Daulte, il retient aussi la date de 1865, précisant qu’il fut fait à Chailly au mois d’août, au même moment que L'Ambulance improvisée. En tous les cas, il s’agit là du premier autoportrait de Bazille et on s’étonnera qu’il n’en parle pas dans sa correspondance et surtout qu'il ne soit pas signé. Il est par ailleurs le seul autoportrait aussi complet où soit évidente sa grande taille : 1,88 mètre.
Il s’est représenté ici de trois quarts, vêtu d’un gilet noir, sans manches, et d’une chemise blanche à col ouvert. De la main droite, il tient une palette et des pinceaux; de la gauche, un autre pinceau, ce qui tend à prouver qu’il a utilisé un miroir pour faire son tableau. Cherchant l’austérité, Bazille a utilisé des couleurs sombres : un gilet noir sur un fond gris - que les blancs de la chemise viennent contraster. Les seules couleurs qui égaient le tableau sont en fait celles qu’on voit sur la palette : verts, blancs, jaunes, marrons, bleus, noyés dans une couleur dominante : le gris. « Pour accentuer encore l’harmonie de l’ensemble, écrit Daulte, il détachait ses portraits sur des fonds d’une tonalité égale et assombrie... Très souvent Bazille exagérait l’obscurité des fonds pour faire mieux ressortir les visages éclairés, pour mettre les figures en relief » [Daulte, 1992, p. 137]. C’est ce qu’il fait dans ce portrait où le visage est particulièrement marqué grâce à ce contraste. Quelles furent ses sources d'inspiration ? Si les autoportraits d'artistes au travail naissent au XVIIe siècle, « c'est au milieu du XIXe siècle que l'image de l'artiste posant avec sa palette [devient] un concept familier » [Jones, p. 48].
Effectivement, ce thème fait florès à cette époque et Bazille n'y échappe pas. Reste qu'il faut citer une source d'inspiration quasi certaine : il s'agit de Fantin-Latour avec son Autoportrait du musée de Grenoble. Mais que Bazille veut-il dire ? En fait, il veut imposer aux yeux des autres, notamment sa famille, sa vocation d'artiste comme il le fera à travers la peinture de ses divers ateliers, à commencer par celui de la rue de Furstenberg dès 1865. Donc seulement deux ans après son passage à l'atelier Gleyre. Comme ici, la palette est un élément essentiel de ses tableaux représentant ses ateliers. Au sol dans l'atelier de la rue de Furstenberg, sur le chevalet dans celui de la rue Visconti et au mur à droite dans celui de la rue de La Condamine. Le sujet ne s'arrête pas là puisque Renoir peint Bazille lui même en train de peindre sa célèbre Nature morte au hérondu musée d'Orsay mais seulement bien plus tard... en 1867. Comme le souligne Jones, la différence est de taille entre la vision que Bazille a de lui-même dans son Autoportrait à la palette et dans celle de Renoir qui le représente en blouse d'atelier, évidemment plus adaptée au travail d'artiste. Avec sa chemise blanche immaculée, il y a comme un manque de naturel, ajoute-t-elle en substance. Le message est clair cependant puisque Bazille se met pour la première fois en scène dans cet autoportrait alors qu'il commence tout juste à s'affirmer. C'est bien le sens qu'il faut donner à cette œuvre majeure.
Les analyses techniques réalisées par The Art Institute of Chicago ont permis de faire la comparaison entre les couleurs sur la palette et celles utilisées dans le tableau et de conclure qu'elles sont exactement identiques hormis le noir qui en est absent. Une remarque d'autant plus intéressante que c'est le noir qui domine - clairement ! - dans le tableau.
« C'est une œuvre qui témoigne d'une certaine aisance technique impressionnante assortie d'un certain degré de conscience de soi », conclut Jones [Jones, p. 51]. Du haut de son 1,88 m, Bazille nous contemple !
Le catalogue raisonné en ligne de l'oeuvre de Frédéric Bazille par Michel Schulman
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