1867
Huile sur toile
61 x 50 cm - 24 x 19 3/4 in.
Paris, Musée d'Orsay, France - Inv. DL.1970.3
Dernière mise à jour : 03-04-2022
Référence : MSb-30
Don de Frédéric Bazille à Auguste Renoir - Claude Renoir - Vendu au musée national des Beaux-Arts d’Alger en 1935 - En dépôt au musée du Louvre, puis au musée d'Orsay depuis 1986.
Cannes, musée des Beaux-Arts, 1929, La Provence et ses peintres au XIXe siècle, n° 5 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 51 - Tokyo, Kyoto, 1961, Exposition d’Art français, 1840-1940, n° 58 - Marseille, musée Cantini, 1982-1983, L’Orient des Provençaux. Chefs-d’œuvre du musée d'Alger, n° 1 - Montpellier, New York, 1992-1993, n° 44, repr. p. 139 - Madrid, Fundacion Mapfre, 2010, Impressionismo. Un nuevo renacimiento, cat. 16, repr. p. 129 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 49, repr. p. 245 et p. 37 [Les références sont du catalogue en français] - Montpellier, musée Fabre, en dépôt jusqu'à la fin 2021.
Rivière, Renoir et ses amis, 1921, p. 11 - Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 18, pp. 69, 84, 214 - Alazard, Catalogue des peintures et sculptures du musée national des Beaux-Arts d'Alger, 1939, p. 29, repr. pl. XXXV - Scheyer, 1942, Frédéric Bazille : The Beginning of Impressionism, p. 122 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 36, p. 86 [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Daulte, Arts, 9 juin 1950 - Daulte, 1952, Bazille et son temps, n° 22, p. 175 [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Mathey, 1959, Les impressionnistes et leur temps, repr. p. 33 - Cooper, Burlington Magazine, mai 1959, A Study of Renoir's Early Development - Blunden, 1970, Journal de l'impressionnisme, p. 43 (repr.) - Daulte, déc. 1970, Connaissance des Arts, p. 90 - Champa, Studies in Early Impressionism, 1973, p. 86, repr. p. 119 - Adhémar, Distel, Catalogue du musée du Jeu de Paume, Paris, 1977, repr. p. 12 - Bellony-Rewald, 1977, Le monde retrouvé des impressionnistes, repr. p. 31 - Daulte, L'Oeil, avril 1978, p. 40 - Bazin, 1982, Univers impressionniste, repr. coul. p. 22 - Georgel, Catalogue exp. Dijon, 1982-1983, La peinture dans la peinture, fig. 265, p. 148 - Adhémar, Dayez, 1983, Musée du Jeu de Paume, p. 151, repr. p. 12 - Renoir, 1985, Pierre-Auguste Renoir, mon père, p. 66 - Bonafoux, 1986, Les Impressionnistes. Portraits et Confidences, p. 50 (repr.) - Bernard, 1991, La Révolutionn impressionniste, repr. p. 60 - Daulte, 1992, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, n° 24, pp. 127, 138, 163 (repr.) (repr. coul. p. 126) [Réédition de 1952 avec photos en couleur] - Vuatone, Cat. exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 44, repr. p. 139 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 154 (repr.) - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 30, repr. p. 149 - Hilaire, Jones, Perrin, Cat. exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 49, repr. p. 245 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 30.
Bazille fait la connaissance de Renoir en 1863 à l'atelier Gleyre. De là naitra une amitié dont Renoir gardera la marque jusqu'à la fin de ses jours. En 1867, Renoir peint Bazille à son chevalet. Puis, c’est au tour de Bazille de peindre Renoir, mais d’une tout autre manière.
En effet, il le représente assis, les genoux repliés sur la poitrine, les pieds posés sur le bord d'une chaise. Il a les bras sur les genoux et les mains croisées. Tourné de trois quarts, il porte barbe et moustache fines, élégant dans sa veste noire de peintre, sa chemise blanche et sa cravate bleue.
Les artistes se sont souvent peints mutuellement; cela fait partie d’une tradition qui remonte aux XVIIe et XVIIIe siècles. En ce qui concerne le XIXe, Pierre Georgel écrit : « Les groupes d’avant-garde réunis dans l’Hommage à Delacroix et dans L'Atelier des Batignolles de Fantin-Latour, ont des attitudes calmes, des expressions réfléchies, comme pour opposer un démenti à ceux qui voient en eux des farceurs » [Georgel, Cat. exp. Dijon, 1982-1983].
En fait, ces tableaux avaient valeur de revendication; ils étaient des manifestes où s’exprimaient les artistes, tout comme ils le faisaient dans les cafés à la mode. C’est là qu’ils se livraient à des joutes oratoires contre les tenants de l’art officiel. Le Portrait de Renoir par Bazille n’a rien de conformiste. Renoir n’est pas présenté ici comme un « farceur » mais comme l’ami qui partage l’atelier de Bazille et donc une partie de sa vie. C’est ainsi que le voit en tous cas ce dernier qui en fait un tableau dont le style, la couleur, la touche, sont plus proches de l’avant-gardisme de l’époque que du classicisme dont il ne s’est pas toujours départi.
La forme est dynamique et saccadée. On le voit dans le graphisme des doigts ainsi que dans les plis du pantalon et dans le traitement du fond, par des touches lisses mais larges dont certaines cernent le personnage. Selon Poulain, Bazille privilégie ici la forme par rapport à la couleur. Mais nous ne lui donnons qu’en partie raison, car la couleur n’est nullement négligée malgré la vigueur de la forme, et elle ne lui est pas sous-jacente comme il paraît le penser.
Ce tableau se rapproche en définitive plus du Portrait d'Alphonse Tissié en cuirassier et de Frédéric Bazille en chemise que du Portrait d'Edmond Maître ou de La Tireuse de cartes. Dans le Portrait de Renoir, Bazille a misé sur une simplicité qui lui réussit parfaitement.
Grâce à la radiographie faite par le laboratoire du Louvre à l'occasion de l'exposition de 2016-2017, on a découvert une nature morte inachevée en peinture sous-jacente. La facture audacieuse du tableau a porté certains spécialistes à requalifier sa date communément admise pour la repousser à 1868 ou 1869. Faute de documents, il paraît difficile de trancher ici avec certitude. Il faut cependant garder à l'esprit que l'œuvre de Bazille n'a rien de linéaire. Il n'est donc pas étonnant qu'il ait pu faire, à la même époque, La Réunion de famille et ce Portrait de Renoir, l'un étant un portrait social et officiel donc appliqué; le second, un tableau fait par pure amitié qui se traduit par sa spontanéité.
