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Frédéric Bazille
1841-1870

Le catalogue raisonné numérique

par Michel Schulman
© Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole / photographie Frédéric Jaulmes

Portrait d'Alphonse Tissié en cuirassier

1869
Huile sur toile
61,5 x 50,5 cm - 24 1/4 x 20 in .
Montpellier, Musée Fabre, France - Inv. 18.3.1
Dernière mise à jour : 27-02-2022
Référence : MSb-51

Historique

Don de Frédéric Bazille à Alphonse Tissié - Don d’Alphonse Tissié au musée Fabre en 1918.

Expositions

Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Bazille, n° 22 - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 32 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 44 bis - Stockholm, National Museum, 1958, Cinq siècles d’art français, n° 157 - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 32 - Montpellier, musée Fabre, 1970-1971, Hommage à Frédéric Bazille [s.n.] - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 39, repr. p. 88 - Montpellier, musée Fabre, 1991-1992, 150e anniversaire de Frédéric Bazille, fig. 18, p. 20 - Montpellier, New York, 1992-1993, n° 45, repr. p. 140 - Montpellier, musée Fabre, 2001 [s.n.] - Paris, musée Marmottan Monet, 2003-2004, cat. 19, repr. p. 57 - Lausanne, Fondation de l'Hermitage, 2006, n° 8 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 50, repr. p. 246  et p. 209 [Les références sont du catalogue en français].

Bibliographie

Joubin, Catalogue des peintures et sculptures du musée Fabre, 1926, n° 363 - Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 37, pp. 167, 218 - Gillet, Le Trésor des musées de province : le musée de Montpellier, 1935, p. 241 - Claparède, Languedoc méditerranéen et Roussillon d'hier et d'aujourd'hui, 1947, p. 237 - Prinçay, Cahiers du sud, 1947, p. 869 - Sarraute, Catalogue de l'oeuvre de Frédéric Bazille, 1948, n° 32, pp. 75-76 [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Daulte, Arts, 9 juin 1950 - Claparède, Réforme, 24 juin 1950 - Daulte, Bazille et son temps, 1952, pp. 77-78, 142, 150 et n° 39, p. 182 (repr.) - Marandel, Catalogue exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 39, repr. p. 88 - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, pp. 78, 134, 145, pp. 171-172, n° 42 (repr.) [Réédition de 1952 avec photos en couleur] - Vuatone, Catalogue exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 45, p. 140 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 156 (repr.) - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 51, repr. p. 193 - Hilaire, Catalogue exp. Lausanne, Fondation de l'Hermitage, 2006, n° 8 - Hilaire, Jones, Perrin, Catalogue exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 50, repr. p. 246 et p. 209 [Les références sont du catalogue en français]. - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 51.

Dans la galerie des portraits que fit Bazille au cours de cette année 1869, le Portrait d’Alphonse Tissié est certainement l’un des plus beaux.

Alphonse Tissié, frère de Suzanne, la belle-sœur de Bazille, est peint de trois quarts, en buste, tourné vers la gauche et porte un uniforme de cuirassier.

Il était, selon les dires de Mme Gaston Bazille, très fier de son uniforme : « Alphonse Tissié est ici depuis 4 jours, enchanté, ravi, d’un entrain incroyable, écrit-elle à son fils en janvier 1866. Il parcourt la ville avec son uniforme que chacun regarde d’un air étonné. Il lui va parfaitement. Le fait est qu’il a très bon air et que le costume est joli ».

Alphonse Tissié en uniforme de campagne
Alphonse Tissié en uniforme de campagne
On pourra comparer ce portrait avec un autre, inédit, d’Alphonse Tissié que nous reproduisons ici. Il y apparaît aussi en cuirassier, mais cette fois en uniforme de campagne. Il est vu de face; on le reconnaît avec sa moustache et ses traits fins. Dans le tableau de Bazille, son uniforme resplendit avec ses épaulettes rouges et son casque qui renvoie la lumière. C’est plus qu’un simple portrait, car c’est ici le jeu de la couleur qui compte par dessus tout, le contraste entre les rouges, les ocres et les noirs profonds à la Manet. Bazille utilise les noirs pour donner un relief à ces couleurs vives qu’il accentue par de grandes touches, larges et nerveuses. « L’uniforme sombre et le casque argenté du dragon font chanter les rouges des joues et des épaulettes », écrit Daulte [Daulte, 1992, p. 134]. La visière du casque cache les yeux de Tissié, ce qui lui confère un air martial et énigmatique. Toutes ces couleurs éclatent sur un fond ocre, largement brossé, qui faire croire que le tableau est inachevé. Mais l’est-il vraiment ? Bazille n’a-t-il pas délibérément suivi l’exemple de Manet ? Prinçay déclare que cette toile rappelle sa manière. Toutefois, dit-il, on décèle dans le Portrait d’Alphonse Tissié « plus d’application, moins de liberté. Bazille n’a pas la souveraine aisance de son aîné qui, dessinant avec de la couleur, colorant avec des taches et des reflets, a résolu comme en se jouant et face au chevalet presque tous les problèmes de la peinture, et inventé à ce langage de nouveaux moyens d’expression, avec une maîtrise qui ne se départ jamais d’un air d’improvisation » [Prinçay, Cahiers du sud, 2e semestre 1947, p. 869].

Ce portrait est-il une œuvre improvisée ou achevée ? Pour Perrin, « Cet air d'improvisation qui vient de Manet autorise à penser que le Portrait de Tissié est bien une œuvre achevée » [Perrin, Cat. exp. 2016-2017, p. 247]. Une hypothèse difficile à confirmer mais cette question est-elle si importante sachant que le Portrait de Renoir et le Portrait de Verlaine sont des œuvres plus esquissées que terminées ? C'est justement là que Bazille exprime sans doute le mieux son talent.