Portrait de Verlaine

1867
Huile sur toile
57,2 x 41,1 cm - 22 1/2 x 16 1/4 in.
Signé et daté en bas à gauche: F. Bazille, 1867
Annotation : Dédicacé en bas à gauche « A mon ami le poète Paul Verlaine »
Collection particulière
Dernière mise à jour : 03-04-2022
Référence : MSb-41

Il aura fallu attendre près de 150 ans pour redécouvrir ce Portrait de Verlaine peint par Bazille en 1867. Dédicacé à son ami Verlaine, ce tableau portait depuis longtemps la fausse signature « Gustave Courbet », une paternité qui ne lui a d'ailleurs jamais été reconnue. C'est par le hasard  d'un nettoyage qu'apparurent la signature et la date « F. Bazille 1867 ».

Pour l'histoire de l'art, il est nécessaire de rappeler qu'un autre tableau avait été authentifié comme Bazille sous le nom de Portrait de Verlaine en troubadour acheté par le Dallas Museum en 1978. Un tableau dont la paternité et le sujet furent alors confirmés par Marandel à l'occasion de la rétrospective Bazille à Chicago en 1978 et par François Daulte à l'exposition Bazille au musée Fabre en 1992, et à nouveau confirmé par ce dernier dans la réédition de sa thèse Bazille et son temps de 1952.

Mais cette histoire devait finir par redistribuer les cartes. Plusieurs données viennent corroborer cette nouvelle attribution. Il y a d'abord la date de 1867 qui correspond parfaitement à l'âge de Verlaine à 23 ans. On connaissait par ailleurs l'existence de cette toile par l'inventaire  qu'il envoya à sa mère en 1871 avant de déménager en Belgique. Ainsi la liste des tableaux comprend-elle « un tableau de moi (huile) par Frédéric Bazille ». Sa mère devait le garder jusqu'à sa mort le 21 janvier 1889.

Nous en perdons ensuite la trace précise. Il apparaît parfois dans certaines collections européennes, mais c'est tout dernièrement qu'il refait surface à l'occasion d'un nettoyage qui fit disparaître la signature Gustave Courbet et révéla donc celle de F. Bazille.

Les photos que nous connaissons de Verlaine à cette époque nous donnent l'image d'une personne relativement âgée, barbue  et partiellement chauve. Or, Jules Péaron en fit le portrait-charge à l'âge de 23 ans tel qu'il apparaît dans notre tableau, les cheveux ébouriffés et portant une fiche moustache. Ce document devait paraître dans La Plume de février 1896.

Ce Portrait de Verlaine dont la découverte marque d'une pierre blanche l'œuvre de Bazille est de la même veine que le Portrait de Renoir par sa facture, son audace et son esprit. Ces découvertes permettent de jeter un regard nouveau sur l'œuvre de Bazille et de réévaluer la connaissance que nous en avions.