1867
Huile sur toile
56 x 98 cm - 20 x 38 1/2 in.
Signé et daté en bas à droite : F. Bazille, 1867
Cincinnati , Cincinnati Art Museum, Etats-Unis - Inv. 1976-433
Dernière mise à jour : 03-04-2022
Référence : MSb-36
Historique
Famille de l'artiste - Mme Emile Gachon, née Marguerite Bazille, cousine de l'artiste, circa 1932 - Sa fille, Mme Jacques Leenhardt, Algérie, circa 1952 - Wildenstein, New York, circa 1968 - M. et Mme Mark P. et Jane Thomson Herschede, Cincinnati, 1968-1976 (Don au Cincinnati Art Museum en 1976).
Expositions
Paris, Grand Palais, 1910, Rétrospective Bazille, n° 9 - Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Bazille, n° 10 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 35 - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 23 - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 20, repr. p. 60 - Los Angeles, Chicago,Paris, 1984-1985, L’impressionnisme et le paysage français, n° 79, repr. p. 225 - Edimbourg, National Gallery of Scotland, 2010, Impressionist Gardens, n° 13, repr. p. 37 - Madrid, musée Thyssen-Bornemisza, 2010-2011, cat. 15, repr. p. 101- Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 39, repr. p. 239 et p. 133 [Les références sont du catalogue en français].
Bibliographie
Poulain, Comœdia, janv. 1927, pp. 161-174, repr. p. 161 - Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 24, pp. 99-100, 215 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédéric Bazille, 1948, p. 53, n° 24 [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Romane-Musculus, Réforme, 24 juin 1950 - Daulte, Bazille et son temps, 1952, n° 26, pp. 63, 116, 147 et p. 177 [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Allier, Lettres françaises, oct. 1959 - Champa, Studies in Early Impressionism, 1973, fig. 123, p. 87 - Butler, The Connoisseur, juin 1977, p. 150 (repr.) - Apollo, juillet 1977, p. 85 (repr.) - Marandel, Catalogue exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 20, repr. p. 60 - Gazette des Beaux-Arts, mars 1978, p. 54, n° 241 (repr.) - Milliard, 1980, p. 82, repr. p. 83 - Cincinnati Art Museum, 1984, p. 123 (repr.) - Bumpus, Impressionist Gardens, 1990, n° 31, repr. pl. 42 - Daulte, Frédéric bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, pp. 60, 113, 141, repr. coul. p. 57 et n° 29, p. 165 (repr.) [Réédition de 1952 avec photos en couleur] - Michel, Bazille, 1992, p. 155 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, p. 128 (repr.) - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 36, repr. p. 159 - Pitman, Bazille: Purity, Pose and Painting in the 1860s, 1998, pp. 134-135 - Willsdon, Catalogue exp. Edimbourg, National Gallery of Scotland, 2010, Impressionist Gardens, n° 13, repr. p. 37 - Hilaire, Jones, Perrin, Catalogue exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 39, repr. p. 239 et p. 133 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 36.
L’été de 1867 fut fécond en tableaux. Bazille exécuta notamment Les Lauriers-roses, les trois paysages d’Aigues-Mortes et La Réunion de famille.
Les Lauriers-roses, œuvre inachevée, furent peints à Méric dont on voit une partie de la serre avec une porte et une fenêtre en arceaux. On discerne aussi un petit passage comme dans La Terrasse de Méric, une ouverture à droite de la maison.
Au premier plan, un banc, seulement esquissé, est disposé en travers de l’allée centrale, à l’ombre du marronnier. Une femme élégante en crinoline y est assise, le bras droit appuyé sur le dos du banc. La femme est elle-même à peine dessinée. Entre le banc et le bâtiment, une large allée centrale est noyée sous le soleil du Languedoc. Son espace est délimité par les ombres et les massifs de fleurs : à droite, des lauriers-roses, à gauche, des capucines qui entourent le tronc du marronnier en fleurs. C’est un spectacle de plein air qui nous est ici offert. Tout le Midi s’y exprime : l’atmosphère, les couleurs, la végétation, les odeurs. C’est autour de l’allée centrale aux ocres éblouissants que s’organise tout le tableau. Avec son feuillage envahissant, le marronnier encadre la scène. Son tronc trop droit et ses frondaisons sommairement dessinées trahissent une certaine naïveté. Mais la verticalité du tronc et l’horizontalité du feuillage confèrent aux Lauriers-roses une certaine intimité.
On se sent ici comme protégé non seulement du soleil mais aussi du monde alentour. La verticalité est reprise et renforcée par le parfait parallélisme entre le tronc et la maison, Bazille laissant apparaître, de chaque côté de l’arbre, des lignes qui équilibrent le tableau vers le haut. L’horizontalité, nous l’avons signalé, est donnée par le feuillage compact du marronnier, feuillage qui couvre toute la partie supérieure du tableau, mais elle l’est aussi par le banc et ses lignes qui, sur l’allée centrale, séparent l’ombre du soleil. Le massif de lauriers-roses est somptueux. C’est sur ce banc que se pose d’abord le regard, d’autant plus qu’il barre l’allée. Les trois massifs de fleurs s’intègrent parfaitement au tableau; les couleurs, qui se répondent et se complètent, font penser aux plus belles compositions florales de Monet.
Bazille nous présente, ici encore, une féerie de couleurs avec, pour règle générale, des oppositions entre l’ombre et la lumière, entre les feuillages des arbres et les roses du laurier, oppositions légèrement atténuées par l’azur du ciel. Nous savons que le jour est superbe mais pratiquement sans voir ce ciel dont Bazille cherche toujours à nous faire sentir la présence.
Une nouvelle fois, peintre de plein air, Bazille a cherché à inclure un personnage dans son tableau. Mais il n’y a pas réussi, la femme assise à l’extrémité du banc étant mal intégrée au paysage. Le banc, quant à lui, ne pourrait être plus mal dessiné.
Une énigme demeure quant à la disposition des lieux. Dans La Terrasse de Méric, on distingue parfaitement la serre, au bout et à droite de la maison. Aucun arbre n’y est visible. Comment expliquer alors la présence du marronnier dans Les Lauriers-roses, marronnier si proche de la maison ?
Bazille utilise ici les contrastes de couleur à l'image de ce que fait Monet dans son Jardin de fleurs à Sainte-Adresse. Seules l'allée et les fleurs resplendissent sous les rayons du soleil, contrastant avec le reste de la végétation abondante. Bazille donne ainsi un sens à l'espace à travers un sujet somme toute banal.
Moins banal est le banc à peine esquissé au premier plan ainsi qu'une silhouette féminine, si bien qu'on ne peut éviter de se demander pourquoi Bazille n'a pas terminé son tableau. Mais dans le catalogue de l'exposition 2016-2017, Perrin fait remarquer à juste titre que le tableau est signé, ce qui voudrait exclure l'idée d'un tableau inachevé.
Le catalogue raisonné en ligne de l'oeuvre de Frédéric Bazille par Michel Schulman
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