1867
Huile sur toile
80,6 x 99,7 cm - 31 3/4 x 39 1/4 in.
Signé et daté en bas à droite : F. Bazille, 1867
New York, The Metropolitan Museum of Art, Etats-Unis - Inv. 1988.2.221
Dernière mise à jour : 03-04-2022
Référence : MSb-32
Historique
Jules Leenhardt - Mme Brunel, circa 1932 - Mme Jules Castelnau - Henri Cazalis, circa 1952-1981 - Wildenstein, New York, 1981-1986 - Alan Clore, Paris, 1986-1988 - Vente Christie’s, Londres, 27 juin 1988, n° 75 - The Metropolitan Museum of Art, New York, 1988 (Don de Raymonde Paul en mémoire de son frère Michael Paul).
Expositions
Montpellier, Exposition internationale, 1927, Rétrospective Bazille, n° 13 - Montpellier, musée Fabre, 1941, n° 20 - Paris, galerie Wildenstein, 1950, n° 31 - Montpellier, musée Fabre, 1959, n° 20 - Chicago, The Art Institute of Chicago, 1978, n° 21, repr. p. 62 - Lausanne, Fondation de l’Hermitage, 1984, L’impressionnisme dans les collections romandes, n° 24, repr. p. 145 et coul. pl. 24 - Edimbourg, National Gallery of Scotland, 1986, Lighting up the Landscape, n° 75 - Montpellier, New York, 1992-1993, n° 15, repr. p. 98 - Paris, Grand Palais, Impressionnisme. Les origines 1859-1874, n° 7, pp. 331-332 et repr. pl. 113, p. 85 - New York, Metropolitan Museum of Art, 1994-1995 [La même exposition - Les références sont du catalogue en français] - Atlanta, High Museum, 1999, n° 16, repr. p. 54 et p. 19 (Détail) - Kansas City, Saint-Louis, 2013-2014, n° 39 - Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, n° 37, repr. p. 239 et p. 119 [Les références sont du catalogue en français].
Bibliographie
Poulain, Bazille et ses amis, 1932, n° 20, pp. 87-88, 214 - Descossy, Montpellier, berceau de l'impressionnisme, 1933, pp. 22-23 - Poulain, L'Art et les artistes, juin 1934, pp. 315-319 - Languedoc, Montpellier, 1948, Éd. des Arceaux, repr. pl. IV - Poulain, Art de France, 1947, n° 17-18, pp. 122-123 - Sarraute, Catalogue de l'œuvre de Frédérric Bazille, 1948, n° 21, pp. 47-49 [Thèse de l'Ecole du Louvre non publiée] - Daulte, Bazille et son temps, 1952, n° 23, pp. 62, 112 et p. 175 (repr.) [Thèse sous la direction de Gaston Poulain] - Daulte, Connaissance des Arts, 1970, p. 87 - Daulte, Réalités, août 1971, p. 32 - Champa, Studies in Early Impressionism, 1973, pp. 86-87, repr. fig. 121 - Marandel, Catalogue exp. The Art Institute of Chicago, 1978, n° 21, repr. p. 62 - Horwarth, Country Life, 14 août 1986, fig. 1, p. 518 - Tinterow, The Metropolitan Museum of Art Bulletin, automne 1989, pp. 34-35 (repr.) - Daulte, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1992, n° 26, pp. 57-58, 107, 110, repr. coul. p. 107 et p. 164 - Michel, Bazille, 1992, p. 145 - Pitman, Catalogue exp. Montpellier, New York, 1992-1993, n° 15, pp. 98-99 - Bajou, Frédéric Bazille, 1993, pp. 106-107, 125 (repr.) - Tinterow, Catalogue exp. Paris, New York, 1994-1995, n° 7, pp. 84, 331-332 - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné, 1995, n° 32, repr. p. 153 - Pitman, Bazille : Purity, Pose and Painting in the 1860s, 1998, pp. 130, 132-134 - Champa, Pitman, Catalogue exp. Atlanta, High Museum, n° 16, repr. p. 54, pp. 53-54 - Kelly, Catalogue exp. Kansas City, Saint Louis, 2013-2014, n° 39, pp. 25, 142, 144 - Hilaire, Jones, Perrin, 2016-2017, Catalogue exp. Montpellier, Paris, Washington, 2016-2017, cat. 37, repr. p. 239 et p. 119 [Les références sont du catalogue en français] - Schulman, Frédéric Bazille : Catalogue raisonné numérique, 2022, n° 32.
Après de longs mois passés à Paris, Bazille est impatient de retrouver le Languedoc : « J’irai commencer une étude à Aigues-Mortes », écrit-il au début de juin 1866. Mais finalement, il ne s’y rend pas cette année-là. Sans doute suit-il ainsi l’avis de son père qui craint « qu’Aigues-Mortes avec la grosse chaleur ne soit pas un séjour très agréable ni très sain ». Bazille songe alors à remettre son voyage : « S’il fait trop chaud pour aller à Aigues-Mortes, je mettrai ce petit voyage au mois d’octobre avant les grosses chaleurs » [Lapsus ou erreur de transcription. Il faut lire « après » et non « avant»]. Mais ce n’est qu’au printemps de 1867 qu’il y séjournera. « J’ai commencé trois ou quatre paysages des environs d’Aigues-Mortes », écrira-t-il alors.
La Porte de la Reine à Aigues-Mortes représente l’une des dix portes qui donnent accès à la ville. Elle est massive et deux tours défensives la flanquent. Son arcade laisse entrevoir, dans l’enfilade, la rue Émile-Jamais, une des artères principales. De chaque côté de la rue, des maisons pittoresques, telles qu’elles existent encore de nos jours, et quelques silhouettes de personnages. Devant les remparts, à l’extérieur de la ville, on aperçoit un cavalier à l’arrêt, conversant avec une personne debout, les mains dans les poches. Le cavalier, doté d’une blouse bleue et d’une longue baguette de bois, est certainement un gardian camarguais. A droite, un cheval en liberté est en train de paître pendant qu’une jeune femme assise, tricote tout en surveillant deux petits enfants qui jouent devant elle.
La Porte de la Reine, contrairement aux deux tableaux d’Aigues-Mortes n’est pas une vue panoramique. Bazille a réduit le champ de vision pour serrer son sujet. En fait, plus que le paysage et les personnages, ce qui compte ici, c’est l’atmosphère générale qui tient à la lumière du Midi.
Bazille a dressé cette porte fortifiée « entre les murailles massives, à contre-jour, devant un ciel d’un bleu clair blondissant, signifiant le soir, qui fait couler sous la voûte, jusque dans les herbages du terrain mauve, une traînée oblique d’ivoire foncée » [Poulain, 1932, p. 86]. La porte laisse passer un filet de lumière. Pour bien donner cet aspect de journée finissante, Bazille a assombri la pierre des remparts et de la porte. Devant la muraille, l’eau grise rappelle la couleur du cheval et de certains ciments qui scellent les pierres des remparts. Il y a de la distinction dans le choix des couleurs, dans ces gris parfois rosés, dans ces jaunes ocres des maisons, mais aussi dans le rouge du bonnet du personnage qui parle au cavalier.
La technique, ici peut-être plus qu’ailleurs, joue un rôle important. Les petites touches énergiques et serrées qui construisent les remparts s’opposent à celles, très larges, de l’herbe et de l’eau. Cette opposition est voulue; elle renforce l’importance de chaque plan.
Parce que Bazille a peint de longs mois à Paris, « l’été languedocien lui impose une réforme de sa palette. Et ce sont les paysages d’Aigues-Mortes qui peuvent être considérés comme établissant la date où cette réforme est accomplie » [Poulain, 1932, p. 86]. On note toujours chez Bazille cette différence entre Paris et le Languedoc; elle est inhérente au changement de lumière et de l’atmosphère. Théophile Gautier avait justement dit que « l’été est un coloriste, l’hiver un dessinateur » [Cité par Poulain, 1932, p. 88]. Mais, dépassant cette constatation, Bazille fait, avec la Porte de la Reine à Aigues-Mortes, un pas supplémentaire vers son but qui est d’interpréter la lumière.
Le catalogue raisonné en ligne de l'oeuvre de Frédéric Bazille par Michel Schulman
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